no matter how hard i try.

Nom, prénoms : Lancaster, Alderic c'est comme ça qu'il t'appelle Surnoms : Aldo. Date de naissance et âge : le 20 janvier 1992 une maigre information qu'il t'a donnée lorsque tu cherchais à en savoir plus sur toi. Lieu de naissance et nationalité : Seattle, USA. Origine : inconnue. Niveau d'étude : tu crois avoir fini ton cycle obligatoire mais à ta connaissance, tu ne possèdes aucun diplôme te permettant d'exercer un métier digne de ce nom. Métier ou/et études : tu as trouvé un job de concierge dans une école publique. en marge de ce monde, tu possède une plantation d'herbe que tu as tendance à garder pour toi, mais quand les mois sont durs, ça te permet de gagner de quoi te nourrir un peu. Statut monétaire ($) : tu gagnes juste de quoi vivre ($$), il gagne d'avantage. Orientation sexuelle : à vivre avec lui, tu as pris l'habitude de te considérer comme homosexuel. Statut civil : il est le seul à te connaître, à prendre soin de toi et à t'aiguiller. il en connaît plus sur ton passé que tu n'en sauras jamais. Traits de caractère : tu es tête en l'air, lunatique et parfois perdu dans un monde qui n'existe pas. tu possèdes pourtant une franchise qui ne plaît pas à tout le monde, une réelle tendance à te foutre dans des merdiers improbables et puis... tu es intelligent, contrairement à ce que tu laisses croire. Groupe : wild things.

il dit que; tu as toujours été un enfant agréable à vivre et sympathique, que tu n'as jamais causé de problème à qui que ce soit et que tu as toujours fait tes leçons correctement. il dit aussi que tes parents sont tous les deux morts dans un accident de voiture et que tu t'es retrouvé à l'orphelinat lorsque tu avais dix ans. il t'a avoué cependant que tu avais tout de même été à la base de problèmes plutôt graves et que si vous aviez fuit Seattle, ce n'était pas sans raison. il pense que ton amnésie est due au fait que tu te sois fait renverser par un autocar en faisant du pouce sur une route. il pense que tu recouvreras toutes tes facultés lorsque tu te sentiras mieux. il t'a dit que tu fumais depuis longtemps et que ce n'était donc pas une surprise qu'en sortant de l'hôpital, tu réclames ton paquet de marocaine. il t'a aussi dit que tu n'avais jamais eu envie de te faire tatouer et que tu avais toujours eu peur des éclairs et de la nuit noire. il te connaît depuis longtemps, qu'il te dit, mais il n'a jamais voulu te dire pourquoi tu te retournes sans arrêt dans la rue lorsque tu entends un bruit et pourquoi tu ne te sens jamais à ta place nul part.

tu crois que; tu es hypocondriaque et paranoïaque. tu as compris, avec le temps, que tu étais incapable de t'adapter à tout et n'importe quoi et que, psychiquement, tu es instable et faible. tu penses qu'il te ment sur bien plus de points qu'il ne paraît mais tu n'oses pas le lui reprocher. tu as tendance à lui faire confiance plus qu'à toi parce que tu sais, au fond de toi, que ta mémoire ne reviendra jamais. tu crois t'appeler Alderic mais parfois, lorsque tu entends Louis dans la rue, tu te retournes comme par habitude. tu as l'intime conviction que ta famille ne se limite pas à tes parents et, pire encore, que ces derniers ne sont peut-être pas morts. tu es à Phenix depuis trop longtemps pour oser la quitter et tu te ronges les ongles. tu te sens mal en transport, tu penses que ça a un rapport avec l'accident de l'autocar. en même temps, tu doutes de l'existence de cet incident car tu n'as aucune cicatrice sur ton corps.

mais ta vie est un foutoir.
alors tu te contentes d'avancer.

C'est le bruit du gravier sous les roues de la Renaud qui a soulevé tes paupières. Comme émergeant d'un rêve, tu n'as distingué rien d'autre que l'immense clarté du soleil à travers la vitre de l'habitacle. Une musique country très douce qui te ramène à une réalité dont tu ignores tout. Et puis, tu habitues tes yeux au soleil, ton corps au siège et tu tournes ton visage doucement. A tes côtés, il est là. Il ne te regarde pas tout de suite, trop occupé qu'il est à contrôler que le feu ne passe pas au vert sans qu'il ne s'en rende compte. Tu le dévisages... tu remarques ses paupières lourdes, sa barbe de trois jours et ses cheveux hirsutes. Tu remarques également son t-shirt sans manche qui dévoile l'unique tatouage sur son épaule droite. Il est toujours concentré sur la route lorsque la voiture redémarre et tu sens à ses yeux vitreux qu'il doit être fatigué. Tu n'oses aucun commentaire, de toute façon, tu ne sais même pas si tu te sens encore capable de parler. Alors tu détournes ton regard et te concentre sur l'extérieur... il fait beau, le soleil tape et vous dépassez ce qui ressemble à un resto-route. Tu passe une main sur ton visage, juste assez longtemps pour réaliser que tu dois être dans un état lamentable. Depuis combien de temps est-ce que je dors moi ? avec appréhension, tu oses un mouvement furtif jusqu'à ta portière, tu t'y colles pour t'observer dans le rétroviseur et tu écarquilles les yeux. Tu ne te reconnais pas... En même temps, avais-tu une seule idée de ce à quoi tu pouvais bien ressembler ? T'es enfin réveillé sa voix rauque te tire de ta contemplation poussée, tu blêmis en tournant ton visage vers lui. Il te regarde, tout sourire, d'un air réconfortant. Tu ne forces ni tes muscles ni ton esprit à esquisser la moindre émotion, tu te contentes de concentrer tes yeux sur les siens. Il ne dit pas un mot de plus pendant de longues secondes, lançant de rapides coup d’œil à la route entre deux respirations. Et puis, il reprend la parole. Tes yeux m'avaient manqué. Et tu n'entendras rien de plus pendant quatre longues heures...

* * *

Tu passes le balais avec peu de conviction. C'est provisoire qu'il te disait lorsque vous vous êtes installés en ville. Le problème, c'est que son provisoire est devenu du définitif et aujourd'hui, ça doit bien faire trois ans que tu nettoies la merde des élèves de l'école primaire de Phenix. C'est pas que t'en as marre, mais tu ramènes tout juste de quoi te payer un boxer neuf par mois à la baraque et t'en as plein l'dos de te sentir redevable. A ton réveil, il t'a donné de faibles informations sur ton compte, mais t'as bien vite compris que ta mémoire s'était faite la malle, toute seule. Aujourd'hui, t'es plus grand chose, sinon l'homme qu'il veut bien te laisser être... et le résultat est là ; il travaille dans la communication tandis que toi, tu récures le sol et nettoie les chiottes. En contrepartie, il te laisse consommer de l'herbe de temps à autre et, malgré toi, t'as commencer à en faire ton petit commerce. Il l'ignore ?!! tu n'en as pas la certitude, mais tu as trop de fierté pour te castrer face à lui. Tout imposant qu'il est, tu préfères encore crever la bouche ouverte que d'avoir à le supplier pour qu'il te donne de quoi te payer un sandwich. Ta plantation, à l'abri des regards, te permet donc de subvenir plus facilement à tes besoins. En plus de ton métier de concierge, t'es dealer. Et tu te trouves ridicule. Lui s'inquiète beaucoup, il préfèrerait que tu restes tranquille. Il pense que tu ne dois surtout pas te faire remarquer... Ton existence est un crime, c'est ce qu'il te dit parfois. Mais tu ne t'y résignes pas... tu préfères encore prendre le risque de te faire serrer par les flics que d'avoir à baisser ta culotte devant lui à chaque fois que tu te retrouves sans rien.

T'es personne, c'est ton mantra. Alors forcément, quand on est personne, on peut tout se permettre. Toi t'as peur de rien, t'as besoin de rien. Tu vis ta routine sans te soucier du lendemain... qui sait si tu vivras encore demain, de toute façon. T'es planté dans un pot de terre qui ne convient pas à tes racines. Le problème, c'est que t'ignores tout de là où tu viens... Seattle, c'est un peu vague et il refuse de t'en dire d'avantages. Selon lui, vous avez dû fuir les flics pour pouvoir survivre, mais toi, parfois, t'as juste l'impression d'être un de ces mecs qui se font kidnapper et qui disparaissent de la circulation. T'es bien avancé non ? parce que même si tu l'étais, tu pourrais rien y changer...

T'es prisonnier de cette ville.
Prisonnier de cet homme.
Prisonnier de cette vie.